Une éducatrice se rend visible

Savez-vous ce qu’une éducatrice en service de garde peut apporter à vos enfants ? Connaissez-vous les tâches qu’elle doit exécuter jour après jour?

Laissez-moi vous partager mon expérience, ma passion, mon métier.

Éducatrice en service de garde

Depuis mon entrée à la commission scolaire, j’ai un salaire qui varie entre 17 000$ et 21 000 $ par année. Ce revenu comprend 10 mois de travail ainsi que les petites prestations d’assurance chômage auxquelles j’ai droit. Pas besoin de vous dire que les deux semaines de délai de carence sont difficiles à gérer !

Mon salaire varie d’une année à l’autre, car chaque année mon poste est en jeu. Les écoles doivent identifier les besoins réels et créer les postes des éducatrices en conséquence. C’est pour cette raison que chaque année, je me présente à la séance d’affectation, dans l’espoir de pouvoir améliorer mon sort et me trouver un poste, qui puisse subvenir à mes besoins et ceux de ma famille. Si j’ai de la chance, je pourrai retourner dans la même école. C’est un stress que je vis chaque année : « Vais-je devoir m’adapter à une nouvelle équipe, nouvelle direction, rebâtir ma crédibilité auprès des enfants et des parents ? » Sans parler que les règles et le fonctionnement varient d’une école à l’autre, je devrai encore m’adapter à tous ces changements. J’ai des collègues qui devront attendre pour leur part à la séance du mois d’août, elles essayeront de se trouver un poste, sans quoi elles retourneront faire des remplacements. Pas très sécurisant quand tu sais que les factures continueront d’arriver chaque mois.

J’ai un poste, mais à quoi ressemble-t-il ?

J’ai en moyenne de 2 h 30 à 4 h de travail par jour exécuté sur deux ou trois plages horaires réparties entre l’ouverture et la fermeture de l’école. Cette année, j’ai 1 h 15 de temps de planification par semaine. Ce temps je l’utilise pour préparer les activités de la semaine, les projets spéciaux, organiser les journées pédagogiques, etc. Croyez-moi, 1 h 15 ce n’est pas beaucoup pour tout ce qu’il y a à faire. À cela s’ajoute, 1 h 15 de réunion par semaine avec les collègues éducatrices et la technicienne. C’est à ce moment que nous recevons les informations importantes sur les changements ou les mises au point concernant le fonctionnement afin d’offrir un bon service et nous assurer d’avoir une équipe solide et cohérente.

Ma routine :

Les enfants arrivent la majorité du temps, débordant d’énergie, parce qu’ils ont dû se contenir et rester calmes pendant plusieurs heures… donc je dois être à la hauteur afin de canaliser les 20 enfants de mon groupe dont l’estomac crie famine, et ce, pour toute la période du dîner.

Je n’ai pas de temps à perdre, car 15 minutes avant la cloche, je vérifie les absences, consulte le cahier de communication et commence à faire réchauffer les repas. Driiiiing… ! voilà les enfants, mon petit Thomas arrive, il a l’air malade… rectification il est malade… je dois rejoindre le concierge, informer la technicienne et les parents, tout ça en continuant de faire chauffer les repas. Je dois aussi gérer les déplacements, faire de la gestion de conflit, féliciter la petite Jeanne qui a réussi pour la première fois à faire ses boucles de souliers ! Fiou… le dîner est terminé, je nettoie les tables et m’assure de laisser le local tel qu’il était à mon arrivée (je partage le local avec une enseignante). J’explique à Jeanne qu’elle doit enlever ses souliers pour mettre ceux qu’elle doit porter à l’extérieur…

L’après-midi, j’ai 5 minutes pour prendre les messages, ramasser mon matériel afin d’être prête pour commencer l’activité prévue. La cloche sonne, les élèves viennent me donner leur présence, j’ai droit à 30 000 questions… puis-je rester dans la classe pour aider mon enseignante, je veux appeler mon père, je suis certaine que je devais quitter à pied, je suis inscrite au cours de zumba, je dois y aller byyyyyye… une fois tout ce beau petit monde rassuré, l’activité peut commencer !

Bref, chaque jour, je gère l’imprévisible, je rassure, je réconforte, j’accompagne les enfants. Tout en leur offrant des activités diversifiées dans un environnement sécuritaire.

J’aime mon métier, il me valorise et me donne le sentiment que parfois je fais la différence, mais mes conditions de travail se détériorent. C’est pourquoi je m’implique et je travaille à dénoncer les compressions qui n’amélioreront en rien la qualité et le rendement de ma prestation au travail, bien au contraire. Je veux continuer de donner le meilleur de moi-même, pour ce faire j’ai besoin de matériel, d’un local, de temps de planification et de réunion. J’ai aussi besoin de mettre de l’essence dans ma voiture, manger, me vêtir…

Vous n’êtes pas sans savoir que nous sommes présentement en négociations. Nos demandes sont justes et nécessaires pour continuer d’offrir des services de qualité. Pour ma part, lorsque je partage des publications sur les revendications du secteur public, ce n’est surtout pas pour me plaindre, mais pour vous donner les bonnes informations sur les conséquences dévastatrices des compressions annoncées.

Je tiens aussi à vous remercier de tout cœur de nous soutenir et de partager les actualités sur le sujet.

Valérie,
Éducatrice service de garde
Syndicat de Champlain